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« Le Vrai Libéralisme » n’est pas celui que l’on dit ! 

« Le Vrai Libéralisme » n’est pas celui que l’on dit !  Posted on 6 novembre 2020Leave a comment

« Mais arrêtez donc d’emmerder les Français ! Il y a trop de lois, trop de textes, trop de règlements dans ce pays ! On en crève ! Laissez-les vivre un peu et vous verrez que tout ira mieux ! Foutez-leur la paix ! Il faut libérer ce pays ! » C’est en ces termes qu’en 1966 le chef du gouvernement français de l’époque, Georges Pompidou, s’emporta contre l’un de ses chargés de mission, un certain Jacques Chirac.

Chirac fut responsable d’un ultime spasme du libéralisme en France, sinon dans la Vieille Europe. Conscient du vent libéral qui agitait l’opinion publique française à la suite de l’échec de la politique économique du Président Mitterrand, Jacques Chirac donna dans Le Figaro Magazine une interview dont Pascal Salin, qui évoque l’épisode dans Le Vrai Libéralisme, un recueil de ses articles et entretiens paru à la fin de 2019, rédigea les questions et les réponses.

Qui mieux que ce professeur d’université, spécialiste de la théorie économique et ancien président de la Société du Mont-Pèlerin, eût pu aborder le sujet, qui fait aussi l’objet de cet article ? Sitôt nommé Premier ministre en 1986, Chirac s’empressa toutefois de ranger ses prétendues convictions libérales au placard.

Destruction des libertés individuelles

La pandémie de Covid-19 ne fait qu’accélérer la destruction des libertés individuelles, un processus qui a été amorcé depuis deux décennies par un déshabillage et un fichage systématique de l’individu sur tous les plans avec des moyens d’intrusion de l’État dans la vie privée que les cliques au pouvoir dans les dictatures communistes et fascistes du siècle dernier n’auraient même pas pu imaginer.

Que l’on se souvienne de cette phrase prononcée par par un député socialiste français, M. Laignel, à l’encontre d’un membre de l’opposition qui s’insurgeait contre le caractère inconstitutionnel des nationalisations : « M. Foyer a juridiquement tort parce qu’il est politiquement minoritaire ». C’était en 1982.

Une majorité ne constitue pas une légitimité. Les politiciens, de gauche et de droite, pour ce que cela signifie en France, en Belgique et ailleurs, ont tous pleinement intégré le principe selon lequel l’État est cette fiction par laquelle chacun cherche à vivre aux dépens des autres et son corollaire qui est que l’on peut toujours trouver une majorité pour violer les droits d’une minorité. Le débat public est devenu d’autant plus virulent et pauvre que tous les politiciens partagent une même idéologie et sont par là même en concurrence directe les uns avec les autres sur le même terrain.

Pour en arriver là, c’est à dire à une nouvelle forme de totalitarisme et de tyrannie majoritaire, on s’en est d’abord pris à dénaturer le libéralisme en l’affublant de toutes sortes de préfixes pour mieux le diaboliser et en prétendant qu’il est ce qu’il n’est pas. Car en définitive il n’y a que deux manières de penser la société : l’une individualiste et l’autre collectiviste. L’homme est-il libre de ses choix et en charge de sa destinée ou n’existe-t-il qu’en fonction de son appartenance, de gré ou de force, à la collectivité ?

Le prétendu caractère social du socialisme dans ses différentes formes prêterait à sourire s’il n’était dévastateur. S’il avait apporté le bonheur social, ou déjà simplement le progrès économique, cela se saurait. En tous lieux et de tous temps, le socialisme a finalement conduit à l’appauvrissement et à la baisse du niveau de vie de tous – à l’exception de ceux qui occupaient le pouvoir en son nom et de ceux qui en tiraient des prébendes.

Le libéralisme est un véritable humanisme

Le véritable humanisme est le contraire d’une notion abstraite : il considère les hommes tels qu’ils sont et prend en compte leurs motivations et leurs comportements. Le libéralisme, qui en est un, n’attend pas de l’État qu’il gère les affaires des hommes, mais qu’il leur laisse gérer eux-mêmes leurs propres affaires. Ils le feront avec d’autant plus de soin qu’il s’agit de leurs propres affaires, qu’ils raisonnent à l’échelle de leur propre vie et qu’ils regardent plus loin que les politiciens et les nomenklaturistes dont l’horizon est limité à la prochaine échéance électorale et qui peuvent reporter sur autrui et dans le futur le prix de leurs erreurs.

Comment Pascal Salin, ancien président du groupe de réflexion de la Société du Mont-Pèlerin, qui fut fondée entre autres par Friedrich Hayek, Ludwig von Mises et Karl Popper et a compté parmi ses membres huit « Prix Nobel » de sciences économiques, n’eût-il pas dénoncé les idées fausses dont les gouvernants en France – et ailleurs dans la Vieille Europe – ont été abreuvés et continuent d’être abreuvés par le keynésianisme, qui appréhende l’économie comme une sorte de mécanique, équipée d’un moteur (la demande), qu’il leur serait possible d’activer à loisir ?

Qu’ils soient répertoriés de droite ou de gauche, les gouvernants se nourrissent de la même pensée magique, de la même culture étatique qui leur permet de vivre de l’Etat, par l’Etat et pour l’Etat et les fait raisonner en termes collectifs et abstraits à des solutions qui appartiennent au domaine des incantations, au lieu de faire confiance aux êtres humains, à leurs valeurs, à leurs motivations, à leur imagination.

De se passer de la compréhension de la réalité humaine de la société amène les gouvernants à commettre d’autres erreurs, bien plus graves encore, notamment celle de tuer l’espoir chez ceux, indépendants, salariés et épargnants, qui par leur intelligence et leur courage créent de la prospérité, ainsi que celle d’attiser l’envie et la frustration chez les bénéficiaires de leurs politiques de prélèvements et de transferts (voir ce qu’en disait le sociologue Helmut Schoeck dans son traité sur L’Envie) ou encore celle de favoriser les gaspillages et la corruption.

Une autre politique économique et sociale est-elle possible ? Nous y reviendrons dans un prochain article.

Le Vrai Libéralisme, Droite et gauche unies dans l’erreur, Pascal Salin, 320 p, Editions Odile Jacob.

(L’article ci-dessus a initialement été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 3955 du vendredi 30 octobre 2020.)

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