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L’UE, du libre marché à un communisme à coloration écologique ?

L’UE, du libre marché à un communisme à coloration écologique ? Posted on 8 juin 20242 Commentaires

La tâche assignée à cet article est d’analyser comment les institutions européennes sont passées de la promotion du libre marché à un communisme à coloration écologique. Ce fut l’occasion pour son auteur de faire pour la première fois appel à ChatGPT, l’agent conversationnel utilisant l’intelligence artificielle développé par OpenAI.

ChatGPT s’en excusa, mais prétendit que la prémisse de la question est inexacte. L’Union européenne (UE) n’est pas devenue une entité communiste. L’UE consiste en une union économique et politique fondée sur les principes de la démocratie, de l’Etat de droit et de la protection des droits de l’homme et des libertés. Ses 27 Etats membres coopèrent et prennent des décisions sur une série de questions qui touchent leurs citoyens dans le respect de ces principes. Dont acte.

Economie sociale de marché et Etat-providence

Si l’UE, poursuit le robot, préconise l’économie sociale de marché qui comprend un Etat-providence fort et des protections pour les travailleurs, elle n’est pas pour autant communiste. Le communisme est un système politique et économique qui prône l’abolition de la propriété privée et l’instauration d’une société sans classes dans laquelle tous les biens et ressources sont collectivement détenus et contrôlés par la communauté dans son ensemble. Ce n’est pas le cas dans l’UE. Il est important, morigène-t-il, de prêter attention aux termes utilisés et d’éviter de diffuser des informations erronées ou de faire des affirmations non fondées. Tout est dans les détails.

L’auteur de cet article l’est aussi d’un essai, On vous trompe énormément: L’écologie politique est une mystification, dans lequel il développe la thèse qu’à partir de prophéties de malheur et d’alertes mêlant des éléments hétérogènes et pointant vers un futur nécessairement incertain et sur la base d’une propagande alimentée par les médias et s’appuyant sur les faiblesses de l’entendement humain et la peur, nous assistons avec l’avènement de l’écologie politique à la mise en place d’un dispositif, au sens où l’entend le philosophe Giorgio Agamben.

Le concept est emprunté à Foucault qui l’utilise à propos de la « gouvernementalité » en tant que gouvernement des hommes. Agamben le définit comme suit : « Tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants ».

Du Marché commun à l’écologie politique

Reprenons les choses dans l’ordre. A l’origine, le Traité de Rome de 1957 institua une communauté économique européenne visant à créer un marché commun entre les six pays membres avec la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux. Un second traité fut signé par les les mêmes pays le même jour, le traité Euratom, instituant une communauté de l’énergie atomique.

L’objectif est économique. Il s’agit d’assurer le progrès économique et social, d’améliorer le niveau de vie et d’emploi, de favoriser une saine concurrence, de réduire les écarts de richesse entre régions et de soutenir les régions défavorisées, au moyen, en ligne avec la résolution de Messine (1955), de l’accès à une source indépendante d’énergie abondante et bon marché (l’énergie nucléaire).

Les traités ont été modifiés à plusieurs reprises et la prise en compte d’objectifs environnementaux (développement durable, changement climatique) et sociaux différents en a considérablement altéré la portée. Economie de marché, libre-échange et création de richesse, s’ils ne sont pas complètement passés à la trappe, ne figurent clairement plus au premier plan. Que seul un pays de l’UE (Irlande) est tenu pour libre au classement de la liberté économique de la Heritage Foundation (qui tient notamment compte de l’Etat de droit, du poids des pouvoirs publics, de l’efficacité réglementaire et de la liberté d’entreprendre et d’investir) en dit long. Belgique, 46e, et France, 62e, figurent dans la catégorie des pays modérément libres au même titre que, par exemple, le Qatar, 28e, la Jamaïque, 34e, l’Albanie, 48e…

Les institutions européennes (la Commission européenne, la Banque centrale européenne, la Cour de justice de l’UE) se sont aussi arrogé des pouvoirs exorbitants pour ce qui est d’interférer dans la marche des affaires publiques et privées. On peut s’interroger s’ils sont légitimes, échappant à tout contrôle démocratique avec un Parlement, retraite dorée pour politiciens décatis, dont les récentes affaires poussent à se demander s’ils n’ont décidément pas la tête ailleurs, un Conseil, des chefs d’Etat et de gouvernement, leurs ministres trop accaparés par leur traintrain de politique politicienne nationale pour s’inquiéter de mettre de l’ordre dans le capharnaüm.

Du respect de la démocratie et de l’Etat de droit

Ces diverses instances s’inscrivent-elles encore dans un respect strict des principes de démocratie et d’Etat de droit ? Une même question se pose au sujet des Etats membres. N’est pas uniquement visé le pouvoir hongrois qui a fait voeu d’illibéralisme. Comme Ivan De Vadder, un journaliste politique belge, l’a amplement démontré dans un livre récent, Wanhoop in de Wetstraat (« Désespoir dans la rue de la Loi »), le système politique belge, par exemple, est pris dans les rets de la particratie, laquelle n’a rien à voir avec l’idée que l’on se fait d’une démocratie parlementaire représentative ; quelques-uns se partagent le pouvoir politique.

Le respect de la vie privée, la liberté de pensée et d’expression, voire d’entreprendre et de se prendre en charge, n’en sont pas ressortis renforcés. Si l’Europe n’a pas (encore) versé dans le communisme, ne pourrait-on pas soutenir qu’elle s’est engagée sur la voie d’un totalitarisme et suit une évolution comparable à celle du passage de la République romaine à l’Empire romain que l’historien David Engels a si bien décrit dans son remarquable essai sur Le Déclin. La crise de l’Union européenne et la chute de la République romaine. Quelques analogies ? (A suivre)

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(Cet article est adapté d’un article publié précédemment par son auteur sur le site libéral français Contrepoints.)

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2 commentaires

  1. OUI, nous vivons le totalitarisme le plus vrai: les victimes participent « librement » à la dictature. Je crois que c’était inévitable dans cette société où l' »égalité » va jusqu’à ne plus donner un enseignement utile et rappelle la parole de Platon: La démocratie est la dictature de l’ignorance. Ajoutons Soljenitsyne: Les hommes n’étant pas dotés des mêmes capacité, s’ils sont libres, ils ne seront pas égaux, et s’ils sont égaux, c’est qu’ils ne sont pas libres. Et Machiavel est de plus en plus d’actualité: La meilleure forteresse des tyrans c’est l’inertie des peuples. Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes.

  2. Autre application de la particratie ambiante : au scrutin européen en Wallonie, il est impossible de voter « eurosceptique », ni d’ailleurs « climatosceptique, ni encore pour l’apaisement en Ukraine. En fait, on est condamné à encourager le suicide de l’Europe.

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