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Verhofstadt, « cruciverbiste » de choc sur France 2

Verhofstadt, « cruciverbiste » de choc sur France 2 Posted on 21 novembre 20142 Commentaires

Anne-Sophie Lapix regretta-t-elle un moment d’avoir invité Guy Verhofstadt sur le plateau de son émission « Mots Croisés » sur France 2 où il croisa les mots et le fer avec Jean-Luc Mélenchon et Henri Guaino ? Les escarmouches entre le fondateur du Parti de gauche et l’ancien Premier ministre belge fusèrent avant même que ce dernier n’ait pris place à la table du débat en face de son collègue député européen.

Si Mélenchon s’était imaginé qu’il désarçonnerait le Belge avec quelques regards hautains et un trop-plein de condescendance, il dut rapidement déchanter et battre en retraite. « Ecoutez, je peux plus, je vais plus jamais venir sur un plateau avec ce type ! », « Mais c’est bon, secouez-le, la machine est bloquée, le disque est rayé ou quoi ? » et s’ensuivirent d’autres aménités. La partie était à ce point mal engagée pour Mélenchon que Henri Guaino crut bon de s’emporter à son tour contre Verhofstadt et de porter secours à son compatriote, le député UMP des Yvelines et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy allant même jusqu’à confier à Mélenchon dans un souffle que sur le Traité de Maastricht – à moins que ce ne soit un autre – il eût été avisé de voter « contre » comme lui !

Mélenchon et Guaino ne faisaient pas le poids face à un débatteur comme Verhofstadt. Flamand décomplexé dont le français n’est peut-être même pas la deuxième langue, il jouit d’une forte popularité en Wallonie (au regard de quoi la remarque « rattachiste » de Mélenchon s’avérait donc complètement débile). « Baby Thatcher », comme le président de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe était surnommé à ses débuts politiques, fut militant libéral dès ses études de droit à l’Université d’état de Gand. Après un bref passage au barreau, il devint à 29 ans président du parti libéral flamand et, trois ans plus tard, vice-Premier ministre et ministre du Budget (épisode auquel il fit allusion sur France 2 en se targuant d’avoir réduit la dette publique belge de 130 à 80% du PIB sans avoir obéré la croissance).

Son libéralisme radical le condamna à une traversée du désert de 1991 à 1997. Aussi, à son retour, adhéra-t-il à une conception plus sociale du libéralisme qui lui permit de devenir Premier-ministre pendant 8 ans, 8 mois et 8 jours, d’abord avec les socialistes et les écologistes (coalition arc-en-ciel) et, ensuite, à la faveur d’un beau succès électoral, avec uniquement les socialistes (coalition violette) ainsi que, à chaque fois, le parti frère libéral francophone (MR ou Mouvement réformateur dont est issu l’actuel Premier-ministre belge, Charles Michel).

Par deux fois (en 2004 et après les dernières élections européennes), Verhofstadt ne réussit pas à prendre la tête de la Commission européenne. A 61 ans, il n’a sans doute plus l’ambition de revenir sur la scène politique nationale, d’autant plus qu’il détient de lucratifs mandats d’administrateur au sein de deux sociétés belges cotées en Bourse (la holding Sofina et l’armateur Exmar) et d’un fonds de pension néerlandais qui lui auraient rapporté en 2013, en plus de ses modestes revenus et indemnités de député européen, un supplément de quelque 230 000 € sans qu’il ne lui en coûtât apparemment une débauche d’efforts puisqu’il ne se présenta à aucune des deux assemblées générales annuelles en Belgique. (Les notes dont le fondateur du Parti de gauche s’était muni sur le plateau de France 2 étaient-elles donc muettes sur ce point qu’il ne l’eût pas évoqué dans sa diatribe contre le « capitalisme » ?)

Pour en terminer, revenons à la joute dont les aspects théâtraux dissimulaient mal l’indigence de l’argumentation. Mélenchon et Guaino s’entendaient pour déclarer qu’il fallait moins d’austérité, c’est à dire moins d’Europe et plus de déficit public, pour financer la relance ; Verhofstadt argua de ce qu’il fallait garder le cap budgétaire faisant l’objet des traités européens et faire plus d’Europe pour plus de croissance. Outre le fait qu’ils soient collègues au Parlement européen et qu’ils aient l’un et l’autre écrit un livre avec Daniel Cohn-Bendit, Verhofstadt et Mélenchon, sans parler de l’affable Guaino, partagent cet autre trait commun à la plupart des rhéteurs de la scène politique : ils n’ont jamais créé ni géré la moindre entreprise personnelle. A cet égard, quand ils évoquent la croissance économique et la création d’emplois, un rien d’humilité épistémologique leur siérait, à moins que, preux défenseurs du capital ou du travail, peu importe, ils n’envisagent de se retrousser les manches pendant quelques années et de montrer sur le terrain aux entrepreneurs de France et de Belgique comment il faut s’y prendre pour assurer, dans la réalité économique, la survie d’une entreprise et le bien-être de ses salariés.

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