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La planification écologique en marche

La planification écologique en marche Posted on 14 mai 20221 Comment

Le vendredi 22 avril 2022, avant-veille du deuxième (pas « second » puisqu’il y en aura, paraît-il, un troisième) tour de l’élection présidentielle française, notre John intersidéral (star parmi les stars) faisait son Late Show sur la chaîne télé belge d’informations en continu LN24.

Il avait invité le père Tommy Scholtes (président du CSCO, le Comité de Soutien aux Chrétiens d’Orient qui regroupe les Eglises d’Orient présentes en Belgique – copte, arménienne, syriaque, chaldéenne, melkite et maronite – et l’Eglise catholique de Belgique), l’incontournable politologue de service, en l’occurrence Pascal Delwit, communiste notoire, militant des Jeunesses communistes et membre du Parti communiste belge (jusqu’à une date indéterminée, cfr Wikipedia), très présent sur les plateaux de télévision belges, et Samuel Furfari, spécialiste de la géopolitique de l’énergie.

C’était un beau panel, dans tous les sens du terme. En tant qu’échantillon de la population belge, il était en quelque sorte représentatif de la démocratie chrétienne, du militantisme idéologique qui jouit d’un regain en Belgique (communisme et écologisme) et du pragmatisme terre à terre (au sens littéral) qui sied aux préoccupations d’ordre géopolitique et énergétique ainsi qu’aux aspirations de progrès et de prospérité.

De géopolitique, il ne fut pas question et, pourtant, paraphrasant le comte de Montalembert, il faut bien, par-delà les nobles sentiments, se rendre à l’évidence : « Vous auriez beau ne pas vous occuper de géopolitique, la géopolitique s’occupera de vous. » La guerre en Ukraine suffit à s’en convaincre. Il ne fut pas question non plus des chrétiens d’Orient, c’est bien dommage, ils mériteraient que l’on en parle. Il ne fut question que du scrutin présidentiel en France, Marseillaise en fond sonore, puis, curieusement, l’Internationale. C’était bien suffisant pour que les positions se démarquent.

Bifurcation écologique

Le président de la République française avait promis le 16 avril 2022 à Marseille que, s’il était réélu, il nommerait un Premier ministre directement chargé de la « planification écologique » afin d’aller « deux fois plus vite » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Or, le premier à avoir promu ce concept est Jean-Luc Mélenchon, au congrès du PS français à Reims en 2008. Il s’en fait des gorges chaudes car, à l’époque, il s’était fait traiter de bolchevik, référence à la planification, à l’interventionnisme et à l’autoritarisme d’Etat dans l’Union soviétique.

Aujourd’hui, Mélenchon (qui n’est pas communiste car trop souverainiste, Pascal Delwit en attesta lors du John Late Show, or il sait donc de quoi il parle lorsqu’il parle d’un communiste) évoque plus prudemment une « bifurcation écologique » et « une sortie de la logique du capital et de ses circuits financiers », des notions auxquelles firent singulièrement écho les propos, se référant au passage à l’encyclique Laudato si du pape François, que tint pendant l’émission le père Tommy Scholtes sur « l’esprit dans lequel on vit sur la terre » et sur « les questions terribles, criminelles, de corruption et d’enrichissement de responsables qui croient qu’ils ont tout le pouvoir, anti-démocratique ».

La question est de savoir si l’annonce d’Emmanuel Macron sur la planification écologique consiste en un effet d’annonce ou si elle marque un véritable virage écologique avec un projet politique fort.

Le président réélu avait indiqué que le Premier ministre en charge de la planification écologique serait « appuyé par deux ministres forts », l’un s’occupant de la « planification énergétique » pour « sortir » la France du « pétrole, du gaz et du charbon », l’autre, de la « planification écologique territoriale » pour favoriser avec les acteurs locaux la transition écologique en matière de transports, de logement et d’alimentation. L’idée étant que l’écologie comme objectif premier guide la politique éducative, culturelle, économique et agricole, pas seulement en France, avait dit le président, mais aussi au niveau européen. Quelle aubaine pour le jacobinisme et le planisme que l’écologie !

Climato-hypocrisie

A son rival qui la traita de climatosceptique, Marine Le Pen rétorqua lors du débat du deuxième tour de l’élection présidentielle : « Je ne suis pas climatosceptique mais vous, vous êtes un peu climato-hypocrite ». L’expression et la citation figurent déjà au dictionnaire de la langue française ! Qu’en est-il ? Entre dénis et allégories, c’eût dû être le point de discussion central au John Late Show, si tant est que discussion il y eut. Ne sommes-nous pas revenus au temps des étiquettes et des slogans tant prisés par les moralisateurs à court d’arguments ?

« Ah ! ah ! Monsieur est climatosceptique ? C’est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être climatosceptique ? » M. Delwit argua que « l’écrasante majorité de la communauté scientifique a bien démontré » que l’homme est responsable du réchauffement climatique et glissa que « chaque rapport du GIEC montre que ses prédictions étaient justes et même trop optimistes par rapport au calendrier de ce qu’il faut faire pour lutter contre le réchauffement climatique ».

Le Dr Steven Koonin, physicien, professeur à l’Université de New York, scientifique éminent qui a servi en qualité de sous-secrétaire pour la science au département US de l’énergie sous le président Obama, résume l’état de la science du climat dans l’introduction de son livre Unsettled, ni manifeste, ni encyclique, dans lequel il analyse les rapports du GIEC et d’autres organismes américains sur le climat : « Oui, il est vrai que le globe se réchauffe et les humains exercent certes une influence. Mais, au-delà de cela, je ne pense pas que ‘The Science’ dise ce que vous pensez qu’elle dit. » Bref, l’apocalypse (climatique, du moins) n’est pas pour l’avenir prévisible.

Combien de ceux qui parlent des rapports du GIEC ne se contentent d’en évoquer ce que les médias et des militants en disent et n’en ont pas lu la moindre ligne, a fortiori de la partie scientifique qui fait l’objet de l’analyse minutieuse et savante d’un Steven Koonin et d’autres ? En effet, il n’est pas le seul, loin s’en faut, à avoir exprimé des réserves sur la manière dont la politique s’est emparée du thème du climat à des fins qui lui sont propres et ne sont pas d’établir une quelconque vérité.

Montesquieu, a-t-on écrit au sujet de l’auteur des Lettres persanes, était « un homme trop intelligent pour ne pas être sceptique, et trop généreux pour ne pas être tolérant ». C’est dans cette tradition que Raymond Aron conclut son Opium des intellectuels : « Si la tolérance naît du doute, qu’on enseigne à douter des modèles et des utopies, à récuser les prophètes de salut, les annonciateurs de catastrophes. Appelons de nos voeux la venue des sceptiques s’ils doivent éteindre le fanatisme. »

A lire sur ce thème : Ecologisme, assaut contre la société occidentale, Samuel Furfari, VA Editions, 128 pages.

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(Cet article a été publié dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 4034 du mercredi 4 mai 2022.)

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1 commentaire

  1. Il serait temps qu’on s’intéresse à la vérité! Quand on sait que des scientifiques professeurs d’université osent dire qu’on ne discute pas le changement climatique ANTHROPIQUE, qu’il y a consensus là-dessus…. on se demande à quoi sert l’enseignement….

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